POLEMIQUE INUTTILE SUR LES SUCCESSEURS DU NOBLE PROPHETE (sawas)

Ils sont bien 12, seulement 12,  et tous des Qhoraych !

Dans moins de dix ans, dans sept petites années exactement à compter de 1443 H (2021 de l’année grégorienne), le compteur du calendrier musulman marquera 1450 ans, c’est-à-dire que les Djinns et les Humains créés pour n’adorer qu’Allah (sourate 51, verset 56 « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent. ») seront à seulement 50 petites années de fêter le 1500ème anniversaire du calendrier hégirien. Et pourtant, si tous les musulmans s’accordent toujours  sur le fameux hadith du noble Prophète Mouhammad (sawas) attestant que ses « successeurs seront au nombre de 12, une étonnante polémique, souvent aux allures de déni de l’évidence et de la vérité, fait toujours rage. Les sunnites, sinon dans leur globalité, du moins dans leur écrasante majorité, déploient des trésors d’arguties pour faire admettre leurs mentors (Abou Bakr, Oumar et Ousmane) comme faisant partie des 12 califes indiqués par le noble Prophète, mais les failles dans leurs récits sautent tant à l’œil que leurs fausses démonstrations font sourire. La vérité s’impose : les 12 califes indiqués par le noble Prophète sont tous des Qhoraych !

 

 C’est Mouhammad ibn Abdal-Lâh, en tant que Sceau des Prophètes, qui a reçu la Révélation d’Allah par l’intermédiaire de l’Archange Gabriel (Djibra’il), le Messager de la fidélité (Coran, sourate…, verset…). Et c’est Allah Lui-même qui, parlant de Son dernier et plus grand Prophète, atteste : « Votre camarade ne s’égare ni n’erre ; et il ne parle pas non plus d’impulsion : ce n’est que révélation révélée. Un fort en fait de puissance l’a enseigné… » (Coran, sourate 53, versets 2 à 5). D’où l’obligation aux croyants de prendre la parole du noble Prophète (sawas) non seulement pour Vérité absolue, mais en plus de s’interdire de l’interpréter inconsidérément.  Or, c’est le Prophète Mouhammad (sawas), en sa qualité d’Envoyé spécial de Seigneur Très-Haut comme ‘’toute miséricorde pour les mondes’’, qui nous a indiqué Douze califes après lui, tous issus de Qhoraych. Les hadiths pour cela sont nombreux chez les sunnites comme chez les chiites, mais puisque les contestations et autres dénégations ne sont que chez les premiers, il convient de promener la lampe sur leurs sources les mieux établies et acceptées par eux comme paroles du saint du saint Coran.

 

La réalité des Douze Imams (peu importe qu’on les désigne califes), successeurs du Prophète (sawas) revient, en effet, dans les hadiths sunnites avec une fréquence telle qu’il s’agit de hadiths ‘’moutawwatir’’, c’est-à-dire cités un nombre  de fois suffisant et par plusieurs personnes dignes de foi qu’il est impossible de mettre en doute leur véracité. Ainsi, Boukhari et Muslim, les deux plus grandes références sunnites, entre autres, s’en font l’écho avec une admirable historicité qui ne peut pas ne pas être remarquée. Jabir ibn Samoura raconte : « J'ai entendu le Prophète (sawas) qui disait : " Il y aura Douze Commandeurs. " Il dit alors une phrase que je n'ai pas entendue. Mon père m'a dit : - Le Prophète a ajouté : " Ils seront tous de Qhoraych’’. » [Sahih al-Bukhari (traduct.), hadith 89.329, Kitaboul Ahkam ; Sahih al-Boukhari (arabe), 4 :165, Kitabul Ahkam]. Toujours dans la même veine, le Prophète (sawas) a dit : « La Religion (l'Islam) continuera jusqu'à l'Heure (du Jour de la Résurrection). Vous aurez Douze Califes, tous seront de Qhoraych. » [Sahih Muslim (traduct.), Chapitre DCCLIV, v3, p1010, Tradition 4483; Sahih Muslim (arabe), Kitab al-Imaara, 1980, Edition Arabie Saoudite, v3, p1453,  Hadith 10]. Encore Jabir ibn Samoura raconte : « J'ai entendu Mouhammad dire : " La Religion (islamique) perdurera jusqu'à l'Heure (Jour de la Résurrection). Vous aurez Douze Califes, tous seront de Qhoraych." » (Sahih Muslim : Book 020: Number 4477, 4478, 4480, 4481, 4482, 4483 ). Comme on le constate aisément, dans la version de Boukhari, Jabir ibn Samourra dit que ‘’le Prophète a ajouté quelque chose qu’il a oubliée et que son père a donné la précision que le Messager avait dit que les 12 seront tous des Qhoraych’’ tandis que dans Muslim, le même Jabir ibn Samoura dit sans fioriture que le Prophète a dit qu’ils ‘’seront tous de Qhoraych’’. Allez savoir !

 

Selon toujours Sahîh Muslim, le Prophète (sawas) a dit : « La Religion se maintiendra jusqu'à l'arrivée de l'Heure ou jusqu'à ce que Douze Califes, issus tous de Qhoraych, vous eussent dirigés. » (Sahîh Muslim : 2/19; "Kitâb al-Imârah": Bâb al-Nâs Tabi' Quraych (rapporté selon 9 chaînes de transmetteurs).

Les versions (relations des hadiths) peuvent légèrement différer, mais la constance de l’énoncé ne laisse aucun doute sur la vérité annoncée. Après tout, ce sont des hommes qui narrent dans un temps relativement court ou lointain, et il y a la mémoire qui ne restitue pas forcément tout mot par mot. Ainsi, on : « Il y aura après moi douze Successeurs, issus tous de Quraych (la tribu dont est issu le noble Prophète). » (relaté par Ibn Mas'ûd dans "Mustadrak al-Sahîhayn", Tom. 1, p. 269). Boukhari a même rapporté cela de trois sources, Muslim de neuf sources, Abou Dawoud de trois sources, Tirmidhi d'une source et Hamid de trois sources aussi : tous ont mentionné du Messager : « Les califes et les Imams après moi seront au nombre de douze et tous sont de Qhoraych. » Quant à Yahya ibn Hasan, un grand savant en jurisprudence, il a inscrit dans son Kitab-e-Umda, à partir de vingt sources différentes que : « Certes, il y a douze califes après le saint Prophète, tous appartiennent au Qhoraych. ». Il suffit de prêter attention et d’admettre l’évidence pour voir les attestations nombreuses. Le Prophète a dit : « La Religion se maintiendra tant qu'il y aura douze Califes, tous agréables à la nation, tous sont de Qhoraych. » (Sunan Abi Dawoûd : Book 36, Number 4266). Le Prophète a dit : « Il y aura après moi douze Amir, tous de Qhoraych. » (Sunan al-Tirmidhi (Arabic) Chapter of Fitan, 2:45 (India) and 4:501 Tradition # 2225 (Egypt) Hadith #2149 (numérotation de al-'Alamiyyah)

 

Douze Califes au nombre des Imams du Bani Isra'il

Seyyed Ali Shafi'i Hamadani dans son Mawaddatu'l Qurba, (Mawadda XIII) rapporte d'Umar ibn Qays : « Nous nous sommes assis avec un groupe où il y avait Abdullah ibn Mas'ud. Soudain, un Arabe est venu et lui demanda : "Qui est Abdullah? Il lui répondit : "Je suis cet homme." Il lui demanda: "Abdullah! Le saint Prophète vous a-t-il parlé de ses califes après lui?" Abdullah a répondu : "Oui, le Messager a dit : '’Après moi, il y aura douze califes, correspondant au nombre des Imams du Bani Isra'il.’’ » Ce même hadith a également été mentionné par Sha'bi, qui l'a entendu de Masruq puis rapporté de Shiba ibn Abdullah.

 

Jurair, Ash'ath, Abdullah ibn Mas'ud, Abdullah ibn Umar et Jubair ibn Samra témoignent du Prophète disant : « Il y aura douze califes après moi. Leur nombre correspondra au nombre des califes des Bani Isra'il. » Selon le rapport d'Abdul-Malik, l'Envoyé fini par dire : « et tous seront des Bani Hachim. » La plupart des oulémas sunnites, Tirmidhi, Abu Dawoûd, Muslim, Sha'bi ont enregistré la même chose.

 

Failles théoriques et historiques d'interprétation de ces hadiths

Ibn al-'Arabi : « Nous avons compté les douze Emirs qui succédèrent au saint Prophète (sawas.). Ceux-ci furent : Abou Bakr, Omar, Othman, Ali, Hassan, Mu'awiyah, Yazid, Mu'awiyah ibn Yazid, Marwan, 'Abd al-Malik ibn Marwan, Yazid bin 'Abd al-Malik, Marwan ibn Mouhammad ibn Marwan, As-Saffah… Après, il y eut vingt-sept califes des Bani Abbas. Maintenant, si l'on considère douze d'entre eux, cela ne nous amène que jusqu'à Soulayman. Seulement cinq d'entre eux correspondent au sens du texte et, à ceux-là, nous pouvons ajouter les quatre Califes Bien Dirigés et Omar bin Abd al-Aziz… Je ne peux comprendre la signification de ce Hadith. » [Ibn al-'Arabi, Sharh Sunan Tirmidhi, 9:68-69] Nous pouvons lui répliquer que ce qui est loin de la vérité historique est évident confus et qu’aucune démonstration savante ne peut l’éclairer. Raison pour laquelle Qadi 'Iyad al-Yahsubi remarque : « Les Califes furent plus nombreux que cela. Limiter leur nombre à douze est incorrect. Le saint Prophète (sawas) n'a pas dit qu'ils seraient seulement douze et pas plus. Désormais, il est possible qu'ils soient plus nombreux. » [Al-Nawawi, Sharh Sahih Muslim, 12 :201-202; Ibn Hajar al-'Asqalani, Fath al-Bari, 16:339]. Une superbe façon d’ajouter l’obscurité à l’obscurité là où les croyants ont besoin de la pleine lumière. Voilà pourquoi aussi Jalal al-Din al-Suyuti se perd en si bon chemin : « Il y aura seulement douze Califes jusqu'au Jour du Jugement. Et ils agiront selon la Vérité, même s'ils ne sont pas suivis. Nous constatons que sur les douze, quatre sont les Califes Bien Dirigés, puis Hasan, puis Mu'awiyah, puis Ibn Zubayr, et finalement 'Omar bin 'Abd al-'Aziz. Ce qui fait huit. Il en manque quatre. Peut-être Mahdi, des Abbassides, pourrait être inclus comme il était autant Abbasside qu'Omar bin 'Abd al-'Aziz était Omeyyade. Et Tahir 'Abbasi pourrait aussi être inclus car il fut un dirigeant juste. »

 

 

Le Mahdi dans les hadiths sunnites

Selon Abû Sa'îd al-Khidrî, le Prophète (sawas) a dit : « Al-Mahdî descend de moi. Il aura le front haut, le nez aquilin. Il remplira la terre d'équité et de justice de même qu'elle aura été remplie d'injustice et de tyrannie. Il régnera pendant sept ans. » (Al-Hâkem, "Mustadrak al-Hâkem": 4/557), qui déclare ce hadith comme authentique (Sahîh), selon les critères de Muslim et d'al-Boukharî. De même l'ont classé parmi les hadiths authentiques al-Kanjî al-Châfi'î, al-Suyûtî, Cheikh Mançûr 'Alî Nâçif, et Abûl-Faydh) Respectivement dans "Al-Bayân" d'al-Kanjî, p. 500; "Al-Jâmi' al-çaghîr", 2/672/9244; "Al-Tâj al-Jâmi' Il-l-Uçûl": 3/343; Ibrâz al-Wahm…", p. 508.

 

Le Prophète (P) a dit : « Al-Mahdi sera au nombre de mes descendants (min wildî). Il aura une absence et une occultation pendant laquelle les peuples seront égarés. Il réapparaîtra avec les munitions des Prophètes (as). Il la (la terre) remplira de justice et d'équité, de même qu'elle aura été remplie de tyrannie et d'injustice. » Ce hadith est rapporté par Cheikh al-Sadoûq dans "Kamâl al-Dîn" ": 1/287/5, section 25, et adopté comme référence par al-Juwanî al-Châfi'î dans "Farâ'id al-Samtayn" ": 2/335/587 et par al-Qandûzî al-Hanafî dans "Yanâbî' al-Mawaddah" 3, section 94).

Eclairages du saint Coran

 

Ce n’est pas faire injure à nos frères sunnites que de leur dire qu’ils ne font suffisamment pas attention aux formulations divines édictées dans le saint Coran et qu’ils s’autorisent la liberté d’ignorer, chaque fois que leurs certitudes pourtant fausses sont contrariées, les repères qu’Allah donne aux croyants. Cette faute les conduit à maintes occasions de faire fi de la parole du Seigneur. C’est ainsi qu’ils ne peuvent admettre que des pervers ne peuvent jamais avoir, dans la perspective du saint Coran, la charge de diriger la communauté des croyants, quand bien même ils prendront le pouvoir par usurpation ou par ruse. Allah ne peut envoyer les Prophètes et leurs héritiers pour notre salut et cautionner que des injustes soient des dirigeants. Que non !

Dans la sourate II du saint Livre (verset 124), au souhait express du Prophète Ibrahim (as) que le statut élevé de dirigeant (Imam) soit accordé à toute sa descendance, Allah lui oppose une fin de non-recevoir : « …Mon pacte ne concerne pas les prévaricateurs. » Et Allah a vite fait d’avertir ceux qui cachent Ses preuves liées à la guidée : « …voilà ceux qu’Allah maudit et que maudissent les maudisseurs… » (sourate II, verset 159). Malheureusement, et c’est toujours Allah qui attire notre attention, « Parmi les gens, il y a ceux qui disent : ‘’Nous croyons en Allah et au jour dernier !’’ tandis qu’ils ne sont pas croyants. »

Diriger ceux qui ne sont créés que pour adorer Allah ne peut s’accommoder de prévarication. Certes, Allah est très accueillant du repentir, mais Il dévolue toujours la direction de gens à des Messagers choisis par Lui seul, de même leurs héritiers, issus de lignées divinement protégées :

« Certes, Allah a élu Adam, Noé, la famille d'Abraham et la famille d'Imran au-dessus de tout le monde,  en tant que descendance, ils sont les uns des autres. Et Allah est Celui qui entend, Il est Omniscient. » (sourate III, versets 33-34). A la lumière de cette réalité, qui atteste qu’il y a l’action continue d’Allah une tradition permanente et immuable, on comprend la grande inquiétude du Prophète Zakariyya quand devenu vieux, il n’avait toujours pas eu d’héritier pour poursuivre la mission prophétique : « C'est un récit de la miséricorde de ton Seigneur envers Son serviteur Zacharie. Lorsqu'il invoqua son Seigneur d'une invocation secrète, et dit : "Ô mon Seigneur, mes os sont affaiblis, oui,  et ma tête s’allume de blancheur (de cheveux blancs). [Cependant], je n'ai jamais été malheureux [déçu] en te priant, ô mon Seigneur. Je crains les frères d’adoption après mois, alors que ma propre femme est stérile : accorde-moi, de Ta part, un héritier qui hérite de moi, et hérite en tant que descendant de la famille de Jacob (Ya’aqhoub). Et fais-le agréable, ô mon Seigneur ! » (sourate 19, versets 2 à 4). Un héritier de la famille de Jacob, pas de n’importe laquelle, mais bien de la famille d’un Prophète, détail absolument important. Allah lui répond favorablement : « Et Zacharie, quand il implora son Seigneur : "Ne me laisse pas seul, Seigneur, alors que Tu es le meilleur des héritiers. Nous l'exauçâmes, lui donnâmes Yahya et guérîmes son épouse. Ils concouraient au bien et Nous invoquaient par amour et par crainte. Et ils étaient humbles devant Nous. » (sourate 21, verset 89-90).

Voilà qui est quelque peu démonstratif pour comprendre que les 12 califes ne peuvent être personne d’autre que des Qhoraych, des Bani Hachim. Toutes les tentatives de considérer d’autres personnages parmi les 12 de la descendance prophétiques sont éternellement vouées à l’échec. Ils sont bien 12 Qhoraych, rien d’autre.

Les chiites sont à saluer quant à leur acceptation de la vérité et leur attachement viscéralement aux Douze Imams Ahloul Bayt (as). Le paradis, la demeure du salut, appartient à eux. Oui, Allah dit : « Cette Demeure dernière, Nous l’assignons à ceux qui ne veulent, sur terre, ni être altiers, ni mettre de désordre. Cependant, la finale est aux pieux. » Et les pieux, ce sont qui craignent Allah, qui n’interprètent rien selon leurs passions.

Amadou Diallo

Source : journal La Sakina-Achoura n° 76 du vendredi, 08 octobre 2021 (1er Rabî-Ul-Awwal 1443 H)